Réflexions sur la culture en pots
Posté : 11 mai 2011, 00:32
La question sous-jacente est : "Peut-on cultiver des bambous géants en pots ?" mais je pense que la réflexion est valable pour tous les bambous. A vous de voir à la fin ...
Au lieu de vous livrer brut ce que je fais à titre perso, je vais, si vous le permettez, vous expliquer quel chemin j'ai choisi et pourquoi je l'ai fait.
Je vais partir de très loin pour arriver à nos chers bambous en pots.
Alors, pour commencer le voyage, le maître mot de la réflexion va être l'inertie.
L'inertie est directement liée à l'énergie (on est en plein dans les préoccupations du moment).
Pour schématiser l'inertie, je vais prendre l'exemple d'une voiture.
Grâce à de l'essence (de l'énergie), le moteur va faire tourner les roues pour faire avancer le véhicule jusqu'à une vitesse donnée : c'est l'accélération. C'est très consommateur d'énergie !
En gardant la pédale des gaz légèrement appuyée, on arrive à conserver, avec peu d'énergie, une vitesse stable. C'est grâce à l'inertie du véhicule.
Si on arrête d'appuyer sur la pédale de gaz, la vitesse du véhicule diminuera doucement jusqu'à l'arrêt.
Si on veut réduire la vitesse plus rapidement, on peut consommer de l'énergie en freinant le véhicule.
En résumé : maintenir l'inertie d'un véhicule est moins couteux en énergie que son accélération ou sa décélération volontaire.
Un véhicule lourd et une vitesse élevée donne une plus grande inertie. L'énergie nécessaire pour l'arrêter devient plus importante.
C'est la fameuse équation E = mc2, où, pour faire rapide, m est le poids du véhicule et c sa vitesse, E étant l'énergie.
Imaginez la taille des freins (l'énergie nécessaire) pour stopper un camion de 38 tonnes lancé à 200 km/h !
Après la première étape du voyage, voici la deuxième : je vais vous parler d'aquariophilie.
Il y a une quinzaine d'années, j'étais féru d'aquariophilie ( à Lesek qui était aussi dans ce cas).
Après avoir écumé l'aquariophilie d'eau douce, j'ai plongé dans l'aquariophilie d'eau de mer tropicale.
En ces temps-là, 1985/1990, on était une poignée de pionniers dans le domaine de la conservation d'animaux marins.
Dans le domaine de la stabulation d'animaux vivants, je pense que l'aquariophilie d'eau de mer est ce qu'il y a de plus difficile.
Donc, en ce temps-là, certains animaux, comme des coraux marins par exemple, étaient impossible à maintenir en aquarium.
C'était sans compter sur l'intelligence de l'être humain ! La technologie est venue à notre secours.
Dans l'eau de mer, les organismes sont très consommateurs de calcium : les coquillages pour construire et réparer leurs habitations, les coraux pour construire leurs squelettes, les algues calcaires encroutantes pour coloniser les substrats, etc ...
Le problème du moment, c'était la baisse drastique du taux de calcium dans le cas d'une tentative de conservation de ces animaux en aquarium.
Le pH de l'eau, directement lié au taux de calcium dans l'aquarium, chutait en flèche au bout de quelques semaines entrainant la mort des pauvres animaux.
Comment faire pour maintenir un taux de calcium correct dans l'eau ?
La réponse arriva de la chimie : quand on mets en contact du gaz carbonique avec du carbonate de calcium, on obtient du bicarbonate de calcium soluble, directement assimilable par les coraux. Ce fût l'ère des réacteurs à calcium dans l'aquariophilie marine et l'ouverture d'un nouveau paradis pour passionnés concernant la conservation des coraux en aquarium ! Que de souvenirs !
Les années passant, on se rendit compte que cela ne suffisait pas : des mortalités sur certains animaux persistaient.
L'importance du strontium, un élément chimique, apparut aux yeux des "pros" et on inventa un appareil de dosage électronique automatique.
Puis ce fût le tour du réacteur à soufre, puis des filtres inversées, puis de l'écumeur à tourbillons, etc ...
Au final, on avait chez nous de véritables usines à gaz (c'est toujours le cas aujourd'hui !) pour faire tourner nos aquariums et essayer d'imiter la nature.
Vous êtes perdus ? Ne vous inquiétez pas, je vais raccrocher les wagons dans quelques instants !
A cette même période, un professeur nommé Jean Jaubert de l'aquarium de Monaco avançait dans l'autre sens (aucune technologie : pas de réacteurs, pas de filtres, que du brassage d'eau avec des pompes) et avait des résultats encore meilleurs que nous. Il conservait des organismes incroyablement sensibles et avait même des reproductions spontanées en aquarium. C'était quand même un 'boss' du milieu ! Il a d'ailleurs donné naissance à 'la méthode Jaubert', c'est pas lui qui a donné son nom à la méthode mais la communauté scientifique de ce milieu. En faisant un truc hyper simple, il était meilleur que toute la technologie que nous avions.
Longtemps, je n'ai pas compris pourquoi ça marchait ! Car j'ai essayé de mon côté, croyez-moi !
J'ai fini par réussir sur un bac de 3 000 litres (4 mètres de façade dans le salon de mes parents, ils s'en souviennent encore !).
Oui, je parle de 3 tonnes d'eau ! C'est loin d'être un bocal à poissons rouges.
Je venais de découvrir le secret de l'inertie ! (Ça y est, je raccroche un wagon ) L'inertie, c'est du volume. L'inertie, c'est de la place.
La 'méthode Jaubert' ne marchait que dans de grands volumes où l'inertie protège les animaux marins :
- l'inertie thermique : il y a tellement d'eau que la température ne fluctue quasiment pas (avec un chauffage quand même !),
- l'inertie chimique : tellement d'eau que le pH ne bouge pas,
- l'inertie animale : il y a tellement de place dans le bac qu'on peut y mettre beaucoup d'organismes différents et une sorte de cycle naturel s'installe avec des producteurs naturels de calcium, de strontium, ...
Maintenant, je reviens sur terre (ouf !) : la 'méthode Jaubert' en aquariophilie, c'est la technique du BRF pour nos plantes.
J'ai déjà fait un post sur cette excellente méthode : viewtopic.php?f=22&t=5381
Première information : je pense que la technique du BRF ne fonctionne pas pour la culture en pots.
La raison, c'est l'inertie donc le manque de volume (j'espère que vous avez compris !).
Japde l'a bien dit sur un post il n'y a pas longtemps en prenant l'exemple d'un arbre : il y a autant de racines souterraines que de branches.
Je précise même la vue en disant que les mycorhizes associées aux racines de l'arbre (lire le post sur le BRF) représentent au moins 3 fois le volume des racines. On est donc sur un rapport de 1 à 4 entre les parties aériennes et les parties souterraines dans le cadre d'une culture naturelle, c'est à dire sans engrais, pesticides, insecticides, etc ...
Je pense vraiment qu'une culture d'un bambou géant ne peut pas se réaliser sur le long terme en pot, même en y ajoutant du compost ou du fumier.
Il ne mourra pas pour autant mais n'atteindra jamais ses proportions de géants !
C'est d'ailleurs peut-être un effet recherché par certains : avoir un géant contenu en pot, qui sait ?
Je pense, par contre, que pour des bambous moins véloces, comme des fargesias par exemple, la culture en pot peut être réalisable naturellement, c'est à dire avec un enrichissement à base de fumier ou de compost, tout en ayant un bambou proche de sa stature naturelle. La limite qui sera vite atteinte sera le lessivage du substrat par les arrosages répétés. Il faudra donc renouveler l'apport d'énergie tous les ans.
Comparez l'énergie d'un Vivax ou d'un Pubescens à celle d'un fargesia ! Pour mémoire, l'inertie = l'énergie = l'essence dans le moteur.
Pour ma part, j'ai toujours halluciné en voyant la taille et la résistance des gaines d'un bambou géant qui, lui, prend le luxe de les laisser tomber par terre quand la croissance est finie !
Pour un géant en pot, le réservoir d'essence (le pot) ne sera jamais assez grand.
Dans un ton plus général, la nature est bien faite :
- aucune plante n'est faite pour pousser dans un pot,
- aucun poisson n'est fait pour vivre dans un aquarium,
- aucun oiseau n'est fait pour vivre en cage.
Seulement, l'homme, dans ses plaisirs égoïstes, veut quand même des animaux ou des plantes chez lui !
Moi, je vis et j'assume mon égoïsme mais pas à n'importe quel prix maintenant :
- des poissons dans un bac de 3 000 litres, voire dans une mini-piscine,
- des oiseaux dans des volières immenses (j'en ai pas, c'est pour l'exemple ),
- et des bambous géants en terre (et sous BRF) !
Bon, par contre, mon problème, c'est que je suis en location et que je ne peux pas planter tous mes bambous (pauvre propriétaire).
Au passage, il a quand même une cargaison de pubescens, de bissetti, de quadrangularis, de bambusoides, de vivax, et d'autres joyeusetés en liberté dans son jardin (c'est à dire sans BAR). Je me suis fait un plaisir de les planter entre des chênes centenaires, leurs racines se mélangeant avec celles des bambous.
Normalement, le proprio sera obligé de me vendre sa maison en voyant ça (à moins qu'il ne soit lui même un fou de bambous, ce qui serait quand même le comble ).
En attendant ce jour magnifique, j'ai choisi de conserver 'quelques' géants en pots pour les faire grandir à fond et les replanter en terre un jour lorsque j'aurais récupéré ce jardin, ou un autre ...
J'ai donc choisi une méthode de culture qui n'est pas vraiment 'naturelle'.
Pour refaire un parallèle avec les aquariums, j'ai choisi la voie de la technologie et de l'intelligence humaine (c'est ironique bien sûr).
Fort de cette nouvelle information, je pense qu'il est possible de cultiver à long terme des bambous géants en pots.
Mais tu ne viens pas de dire le contraire plus haut ? Dit le lecteur, pantois ...
Voici l'explication : dans un pot, le rapport de 1 à 4 entre les parties aériennes et les parties souterraines rencontré naturellement, peut être artificiellement ramené à 1 pour 1. Je n'aurai plus besoin d'inertie pour réussir la croissance de mes plantes car l'énergie viendra d'ailleurs !
1er paramètre : le substrat à utiliser n'a plus qu'une seule incidence physique, on se moque de ses qualités minérales ou énergétiques.
2ème paramètre : la présence de micro-organisme dans le substrat n'as plus d'intérêt.
3ème paramètre : l'arrosage doit être copieux et régulier.
4ème paramètre : on shoote les bambous aux engrais enrobés.
Les bambous de newfi ont vécu comme ça au moins un an en Chine sans terre avant d'être envoyé en France dans un container (on ne peut pas exporter de la terre chinoise avec, parait-il !).
Le procédé chez moi :
- méga-drainage au fond des pots : 8cm mini de billes d'argiles,
- le mélange des substrats doit avoir un bon compromis drainage/rétention d'eau/poids : donc 1/3 tourbe, 1/3 terreau, 1/3 terre du jardin,
- arrosage automatique au goutte à goutte : une heure tous les deux jours (exemple : pour un pot de 80L, 4 goutteurs d'un débit de 4litres/h chacun, soit au total 16 litres d'eau tous les deux jours),
- un paillis pour éviter l'évaporation (tout est bon pour faire du paillis car c'est l'effet physique seulement qui est recherché).
- engrais à diffusion lente, type osmocote, deux applications par an (2 x 6 mois d'effets). Et oui, vous ne rêvez pas, ils ont de l'engrais toute l'année.
Le résultat est à tomber par terre !
J'en vois certains qui ont les cheveux hérissés derrière leur écran en se disant : toi, Krypto, qui vantait tant les mérites naturels du BRF, faire ça !
Pas de soucis, j'assume car :
- toutes mes plantations en sol sont sous BRF depuis plusieurs années avec aucun arrosage tout au long de l'année,
- l'inertie est au top dans mon jardin, enfin, celui de mon proprio ...
- l'engrais Osmocote est pour moi l'engrais le plus écolo (ou le moins destructeur, c'est suivant),
- et quand j'aurai enfin mon jardin à moi, j'arrêterai cette technique !
Bon, pour résumer, je dirais que c'est une méthode idéale pour celui qui veut booster 'au taquet' ses bambous en pots (et qui veut garder des géants avec de vrais grands chaumes en pots sur le long terme) mais que la méthode traditionnelle naturelle marche bien mais pas dans les mêmes proportions et pas dans le même esprit. Chacun fait sa sauce en fonction de ses inspirations.
Voilà, j'espère que le voyage vous a plu.
Krypto.
Au lieu de vous livrer brut ce que je fais à titre perso, je vais, si vous le permettez, vous expliquer quel chemin j'ai choisi et pourquoi je l'ai fait.
Je vais partir de très loin pour arriver à nos chers bambous en pots.
Alors, pour commencer le voyage, le maître mot de la réflexion va être l'inertie.
L'inertie est directement liée à l'énergie (on est en plein dans les préoccupations du moment).
Pour schématiser l'inertie, je vais prendre l'exemple d'une voiture.
Grâce à de l'essence (de l'énergie), le moteur va faire tourner les roues pour faire avancer le véhicule jusqu'à une vitesse donnée : c'est l'accélération. C'est très consommateur d'énergie !
En gardant la pédale des gaz légèrement appuyée, on arrive à conserver, avec peu d'énergie, une vitesse stable. C'est grâce à l'inertie du véhicule.
Si on arrête d'appuyer sur la pédale de gaz, la vitesse du véhicule diminuera doucement jusqu'à l'arrêt.
Si on veut réduire la vitesse plus rapidement, on peut consommer de l'énergie en freinant le véhicule.
En résumé : maintenir l'inertie d'un véhicule est moins couteux en énergie que son accélération ou sa décélération volontaire.
Un véhicule lourd et une vitesse élevée donne une plus grande inertie. L'énergie nécessaire pour l'arrêter devient plus importante.
C'est la fameuse équation E = mc2, où, pour faire rapide, m est le poids du véhicule et c sa vitesse, E étant l'énergie.
Imaginez la taille des freins (l'énergie nécessaire) pour stopper un camion de 38 tonnes lancé à 200 km/h !
Après la première étape du voyage, voici la deuxième : je vais vous parler d'aquariophilie.
Il y a une quinzaine d'années, j'étais féru d'aquariophilie ( à Lesek qui était aussi dans ce cas).
Après avoir écumé l'aquariophilie d'eau douce, j'ai plongé dans l'aquariophilie d'eau de mer tropicale.
En ces temps-là, 1985/1990, on était une poignée de pionniers dans le domaine de la conservation d'animaux marins.
Dans le domaine de la stabulation d'animaux vivants, je pense que l'aquariophilie d'eau de mer est ce qu'il y a de plus difficile.
Donc, en ce temps-là, certains animaux, comme des coraux marins par exemple, étaient impossible à maintenir en aquarium.
C'était sans compter sur l'intelligence de l'être humain ! La technologie est venue à notre secours.
Dans l'eau de mer, les organismes sont très consommateurs de calcium : les coquillages pour construire et réparer leurs habitations, les coraux pour construire leurs squelettes, les algues calcaires encroutantes pour coloniser les substrats, etc ...
Le problème du moment, c'était la baisse drastique du taux de calcium dans le cas d'une tentative de conservation de ces animaux en aquarium.
Le pH de l'eau, directement lié au taux de calcium dans l'aquarium, chutait en flèche au bout de quelques semaines entrainant la mort des pauvres animaux.
Comment faire pour maintenir un taux de calcium correct dans l'eau ?
La réponse arriva de la chimie : quand on mets en contact du gaz carbonique avec du carbonate de calcium, on obtient du bicarbonate de calcium soluble, directement assimilable par les coraux. Ce fût l'ère des réacteurs à calcium dans l'aquariophilie marine et l'ouverture d'un nouveau paradis pour passionnés concernant la conservation des coraux en aquarium ! Que de souvenirs !
Les années passant, on se rendit compte que cela ne suffisait pas : des mortalités sur certains animaux persistaient.
L'importance du strontium, un élément chimique, apparut aux yeux des "pros" et on inventa un appareil de dosage électronique automatique.
Puis ce fût le tour du réacteur à soufre, puis des filtres inversées, puis de l'écumeur à tourbillons, etc ...
Au final, on avait chez nous de véritables usines à gaz (c'est toujours le cas aujourd'hui !) pour faire tourner nos aquariums et essayer d'imiter la nature.
Vous êtes perdus ? Ne vous inquiétez pas, je vais raccrocher les wagons dans quelques instants !
A cette même période, un professeur nommé Jean Jaubert de l'aquarium de Monaco avançait dans l'autre sens (aucune technologie : pas de réacteurs, pas de filtres, que du brassage d'eau avec des pompes) et avait des résultats encore meilleurs que nous. Il conservait des organismes incroyablement sensibles et avait même des reproductions spontanées en aquarium. C'était quand même un 'boss' du milieu ! Il a d'ailleurs donné naissance à 'la méthode Jaubert', c'est pas lui qui a donné son nom à la méthode mais la communauté scientifique de ce milieu. En faisant un truc hyper simple, il était meilleur que toute la technologie que nous avions.
Longtemps, je n'ai pas compris pourquoi ça marchait ! Car j'ai essayé de mon côté, croyez-moi !
J'ai fini par réussir sur un bac de 3 000 litres (4 mètres de façade dans le salon de mes parents, ils s'en souviennent encore !).
Oui, je parle de 3 tonnes d'eau ! C'est loin d'être un bocal à poissons rouges.
Je venais de découvrir le secret de l'inertie ! (Ça y est, je raccroche un wagon ) L'inertie, c'est du volume. L'inertie, c'est de la place.
La 'méthode Jaubert' ne marchait que dans de grands volumes où l'inertie protège les animaux marins :
- l'inertie thermique : il y a tellement d'eau que la température ne fluctue quasiment pas (avec un chauffage quand même !),
- l'inertie chimique : tellement d'eau que le pH ne bouge pas,
- l'inertie animale : il y a tellement de place dans le bac qu'on peut y mettre beaucoup d'organismes différents et une sorte de cycle naturel s'installe avec des producteurs naturels de calcium, de strontium, ...
Maintenant, je reviens sur terre (ouf !) : la 'méthode Jaubert' en aquariophilie, c'est la technique du BRF pour nos plantes.
J'ai déjà fait un post sur cette excellente méthode : viewtopic.php?f=22&t=5381
Première information : je pense que la technique du BRF ne fonctionne pas pour la culture en pots.
La raison, c'est l'inertie donc le manque de volume (j'espère que vous avez compris !).
Japde l'a bien dit sur un post il n'y a pas longtemps en prenant l'exemple d'un arbre : il y a autant de racines souterraines que de branches.
Je précise même la vue en disant que les mycorhizes associées aux racines de l'arbre (lire le post sur le BRF) représentent au moins 3 fois le volume des racines. On est donc sur un rapport de 1 à 4 entre les parties aériennes et les parties souterraines dans le cadre d'une culture naturelle, c'est à dire sans engrais, pesticides, insecticides, etc ...
Je pense vraiment qu'une culture d'un bambou géant ne peut pas se réaliser sur le long terme en pot, même en y ajoutant du compost ou du fumier.
Il ne mourra pas pour autant mais n'atteindra jamais ses proportions de géants !
C'est d'ailleurs peut-être un effet recherché par certains : avoir un géant contenu en pot, qui sait ?
Je pense, par contre, que pour des bambous moins véloces, comme des fargesias par exemple, la culture en pot peut être réalisable naturellement, c'est à dire avec un enrichissement à base de fumier ou de compost, tout en ayant un bambou proche de sa stature naturelle. La limite qui sera vite atteinte sera le lessivage du substrat par les arrosages répétés. Il faudra donc renouveler l'apport d'énergie tous les ans.
Comparez l'énergie d'un Vivax ou d'un Pubescens à celle d'un fargesia ! Pour mémoire, l'inertie = l'énergie = l'essence dans le moteur.
Pour ma part, j'ai toujours halluciné en voyant la taille et la résistance des gaines d'un bambou géant qui, lui, prend le luxe de les laisser tomber par terre quand la croissance est finie !
Pour un géant en pot, le réservoir d'essence (le pot) ne sera jamais assez grand.
Dans un ton plus général, la nature est bien faite :
- aucune plante n'est faite pour pousser dans un pot,
- aucun poisson n'est fait pour vivre dans un aquarium,
- aucun oiseau n'est fait pour vivre en cage.
Seulement, l'homme, dans ses plaisirs égoïstes, veut quand même des animaux ou des plantes chez lui !
Moi, je vis et j'assume mon égoïsme mais pas à n'importe quel prix maintenant :
- des poissons dans un bac de 3 000 litres, voire dans une mini-piscine,
- des oiseaux dans des volières immenses (j'en ai pas, c'est pour l'exemple ),
- et des bambous géants en terre (et sous BRF) !
Bon, par contre, mon problème, c'est que je suis en location et que je ne peux pas planter tous mes bambous (pauvre propriétaire).
Au passage, il a quand même une cargaison de pubescens, de bissetti, de quadrangularis, de bambusoides, de vivax, et d'autres joyeusetés en liberté dans son jardin (c'est à dire sans BAR). Je me suis fait un plaisir de les planter entre des chênes centenaires, leurs racines se mélangeant avec celles des bambous.
Normalement, le proprio sera obligé de me vendre sa maison en voyant ça (à moins qu'il ne soit lui même un fou de bambous, ce qui serait quand même le comble ).
En attendant ce jour magnifique, j'ai choisi de conserver 'quelques' géants en pots pour les faire grandir à fond et les replanter en terre un jour lorsque j'aurais récupéré ce jardin, ou un autre ...
J'ai donc choisi une méthode de culture qui n'est pas vraiment 'naturelle'.
Pour refaire un parallèle avec les aquariums, j'ai choisi la voie de la technologie et de l'intelligence humaine (c'est ironique bien sûr).
Fort de cette nouvelle information, je pense qu'il est possible de cultiver à long terme des bambous géants en pots.
Mais tu ne viens pas de dire le contraire plus haut ? Dit le lecteur, pantois ...
Voici l'explication : dans un pot, le rapport de 1 à 4 entre les parties aériennes et les parties souterraines rencontré naturellement, peut être artificiellement ramené à 1 pour 1. Je n'aurai plus besoin d'inertie pour réussir la croissance de mes plantes car l'énergie viendra d'ailleurs !
1er paramètre : le substrat à utiliser n'a plus qu'une seule incidence physique, on se moque de ses qualités minérales ou énergétiques.
2ème paramètre : la présence de micro-organisme dans le substrat n'as plus d'intérêt.
3ème paramètre : l'arrosage doit être copieux et régulier.
4ème paramètre : on shoote les bambous aux engrais enrobés.
Les bambous de newfi ont vécu comme ça au moins un an en Chine sans terre avant d'être envoyé en France dans un container (on ne peut pas exporter de la terre chinoise avec, parait-il !).
Le procédé chez moi :
- méga-drainage au fond des pots : 8cm mini de billes d'argiles,
- le mélange des substrats doit avoir un bon compromis drainage/rétention d'eau/poids : donc 1/3 tourbe, 1/3 terreau, 1/3 terre du jardin,
- arrosage automatique au goutte à goutte : une heure tous les deux jours (exemple : pour un pot de 80L, 4 goutteurs d'un débit de 4litres/h chacun, soit au total 16 litres d'eau tous les deux jours),
- un paillis pour éviter l'évaporation (tout est bon pour faire du paillis car c'est l'effet physique seulement qui est recherché).
- engrais à diffusion lente, type osmocote, deux applications par an (2 x 6 mois d'effets). Et oui, vous ne rêvez pas, ils ont de l'engrais toute l'année.
Le résultat est à tomber par terre !
J'en vois certains qui ont les cheveux hérissés derrière leur écran en se disant : toi, Krypto, qui vantait tant les mérites naturels du BRF, faire ça !
Pas de soucis, j'assume car :
- toutes mes plantations en sol sont sous BRF depuis plusieurs années avec aucun arrosage tout au long de l'année,
- l'inertie est au top dans mon jardin, enfin, celui de mon proprio ...
- l'engrais Osmocote est pour moi l'engrais le plus écolo (ou le moins destructeur, c'est suivant),
- et quand j'aurai enfin mon jardin à moi, j'arrêterai cette technique !
Bon, pour résumer, je dirais que c'est une méthode idéale pour celui qui veut booster 'au taquet' ses bambous en pots (et qui veut garder des géants avec de vrais grands chaumes en pots sur le long terme) mais que la méthode traditionnelle naturelle marche bien mais pas dans les mêmes proportions et pas dans le même esprit. Chacun fait sa sauce en fonction de ses inspirations.
Voilà, j'espère que le voyage vous a plu.
Krypto.