Eric, je me permets de te charrier un peu car maintenant on se connaît bien et je trouve que tu as été un peu rude dans ta réponse avec Julien en faisant un parallèle avec la forêt (je sais aussi que tu vas pas piquer la mouche).
Pareil pour Montecristo qui le taxe d’entrée d’être un pro de l’irrigation (et se rattrape ensuite) alors que Julien vient d’adhérer au forum et qu’il paraît être de bonne foi. Vous êtes dès fois un peu dur les gars !!!
Eric, pour la forêt arrosée, c’est bien évidemment l’exception qui confirme la règle !!!
Le type de forêt qui correspondrait le mieux au climax de la majorité des bambous, serait à mon avis la forêt de hêtre et pas la forêt de chênes verts.
Le climat de Toulouse n'est pas le même que celui de Vitrolles. On a même pas très loin, une zone semi-désertiques (plaine de la Crau) avec des espèces végétales qu'on ne retrouve qu'au Magrehb. Diffile comme tu l'as dit d'extrapoler, une expérience.
Après tout si c’est le choix de Julien d’irriguer et de faire un post pour s’intéresser au sujet pourquoi pas ? Cela peut intéresser d’autres forumeux. J’ai vécu 8 ans en Provence entre Aix et Marseille et je sais que sur certains sols du coin sans eau c’est dur de faire pousser des bambous vu les faibles pluies de mai à novembre (et même avec du BRF) et le vent sec. J’ai un ami sur la côte bleue (de formation paysagiste), qui a essayé, sans arrosage plusieurs espèces de phyllostachys verts géants sans succès. Ils ont vivoté puis fini par mourir. Après je connais des auréas dans le coin qui s’en sortent pas trop mal sans arrosage. On ne peut donc pas généraliser. Qui sait mieux que Julien si son terrain a besoin d’eau ou pas, s’il est en capacité de trainer le tuyau d’arrosage ou pas ?
Je prends donc le temps de répondre à sa question. L’arrosage à la raie, est une technique (vieille comme le monde) qui consiste à réaliser un sillon le long des bambous, avec une très légère pente et de faire courir l’eau en surface. C’est le plus simple et le moins couteux notamment pour l’arrosage des haies (sur des sols pas trop filtrants), les 2 premières années de plantation. Dans ton cas vu la pente cela semble plus compliqué, il faudrait faire des paliers.
Dans ta région l’ETP (l’évapotranspiration potentielle) = besoin en eau de la plante+ évaporation du sol – les précipitations peut être estimée entre 100 et 150 mm/ mois (soit 100 à 150 l d’eau/m2/mois). voir
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... _66_4_2575
La réserve en eau d’un sol « standard » est a peu de près de cet ordre d’idée avec 150 l/m2. En théorie, sur un sol de départ bien humide, un bambou bien implanté pourrait donc tenir 1 mois sans être arrosé avant de commencer à être limité en eau (sans forcément enrouler ses feuilles). Un bambou peut résister (un certain temps) à la sécheresse ou au manque d'eau prolongé, mais sa croissance en sera affectée les années suivantes.
En pratique, considérant, pour simplifier le calcul qu’un pied de bambou "standart" occupe au niveau racinaire, après quelques années 1 m2/sol, je te conseille donc de partir sur un mini de 150 l d’eau par pied délivrés sur 30 jours, soit 15 l par pied tous les 3 jours. Pour les goutteurs prendre le plus gros débit disponible dans le commerce et en fonction de la pression dispo sur le réseau et des prix. Mettre au moins 2 goutteurs par bambou, bien espacés pour une meilleure répartition (et dès fois qu’un se bouche). 15 l/heure par goutteur me parait un minimum si tu ne peux arroser tes bambous que quelques heures par jour. En théorie, 1 goutteur tous les 50 cm en quiconque te permettra donc de délivrer la quantité d’eau suffisante, en période sèche pour une haie de 2 m de large.
Je suis d’avis que l’installation de l’arrosage ne doit pas être une facilité qui évince la réflexion sur le choix des espèces de bambous les plus résistantes au sec ou au vent et celles sur les qualités du sol à la plantation (pour faciliter la pénétration et la réserve hydrique) afin d’économiser l’eau.
J’ai testé du Ph. aurea (réputé résistant à la sécheresse) du Ph Bissetti et du Pseudosasa japonica en grosses jardinières dans 2 villes ventées (pendant 8 ans d’un côté et 2 ans et demi de l’autre).
Bilan résistance au sec : Japonica 2, Bisseti 1, Auréa 0.5. (NB : le nuda est aussi assez résistant en pleine terre, en jardinière ?)
Bilan résistance au vent normal avec pointes de temps en temps : Japonica 2, bisseti 1, Auréa 0.5
Bilan résistance au vent très violent et fréquent (courant d’air entre immeubles) : Bisseti 1, Japonica 0.5 côté vent (la feuille a trop de prise au vent, virevolte et fini quand même par s’arracher ou se lacérer), 2 sous le vent.
Concernant le BRF, il a 3 effets, celui d’améliorer la structure du sol (aération, pénétration et rétention d’eau, …), de fournir des sels minéraux au bambou (d’autant plus que le BRF est issu de petits bois riches en écorce) et de limiter l’évaporation (effet mulch ou paillis longue durée).
N’oublions pas, comme l’a dit Eric que Bernard, de Bambou en Provence arrose tous ses bambous les premières années (que certains BB après), que la bambouseraie d’Anduze dispose de sols limoneux profonds et de canaux d’irrigation (et d’une rivière à proximité), que le Parc aux Bambous jouxte une rivière (avec nappe d’accompagnement et sols limoneux favorables), etc
J’en ai fait l’expérience, le manque d’eau est souvent, même en pleine terre, le 1er facteur limitant la croissance de certains bambous, bien avant que les signes de déficit (enroulement des feuilles apparaissent). C’est d’ailleurs ce que j’ai écrit en préambule dans mon article sur la fertilisation des bambous à paraître dans la revue de l’AEB.
Faites en l’expérience par vous-même, arrosez (au moins 2 années de suite) et vous verrez la différence !!!