La visite du groupe de l’après-midi de Karlostachys avec Charles, botaniste passionné et ancien de la bambouseraie de Prafrance, était captivante et à permis d'élargir la passion des bambous à de nombreux autres plantes (4000 taxons !!!). Le parcours est agréable car il débute dans le sous-bois pentu et vallonné d'une forêt d'épicéa éclaircie et donc lumineuse. Ce jardin secret est clos pour le protéger des intrusions des brouteurs de la forêt (sanglier, chevreuils) et il abrite notamment une collection de nombreux genres de lianes caduques (kiwis, Akebia, vignes Vitis et Ampelopsis, clématites, glycines …) persistantes (chèvrefeuille, Stauntonia …) semi-persistantes (rosa, rubus …), ou exotiques vivaces. Certaines plantes grimpantes s’accrochent directement aux troncs comme les hortensias grimpants et les Decumaria de la même famille. Il possède également une collection de fougères avec des espèces uniques sous nos contrées.
Ensuite la visite s'est poursuivie dans une zone de coupe forestière retournées à l'état de landes, ponctuée de plantations de séquoias, de cryptomérias et d'eucalyptus (en autres pour les persistants) qui ont résisté à -15°C. Les explications sont denses et ponctuées d'anecdotes de ses expéditions pour ramener des boutures et des graines d'autres continents. Nous avons par exemple appris qu'il existe plusieurs sortes de gunneras géantes du Brésil dans le commerce et que seul l'hybride macrophylla produit des feuilles vraiment géantes, dans le même registre, seul l'Eucalyptus niphophila 'Debeuzevillei' résiste au delà de -15°C sans sélection de la provenance de la graine ou encore que la ronce muroise (hydride entre mûre et framboise) produit des fruits délicieux et précoces en Normandie. Cependant les premières plantations ne datent que d’une quinzaine d’années et beaucoup d'arbres, d'arbustes (rhododendrons, magnolias, ...), de plantes grimpantes et de vivaces sont encore jeunes. D'ailleurs, le jardin étant ouvert que récemment aux visites. ll a effectué de nombreuses recherches et échanges de plantes ou acquisitions avec des passionnés pour introduire et tester des plantes. Ces multiples voyages en Asie et en Australie (pour les Eucalyptus) son axés particulièrement sur les espèces botaniques de haute altitude, résistantes au froid, qu'il les acclimate avec succès chez lui (cas des hortensias grimpants ou des scheffleras du Vietnam, de l'Himalaya, de Taiwan ou de Chine ...), qu'il sélectionne par semis soumis au gel (Eucalyptus perriniana, glaucescens, parvifola, parvula, niphophila...) ou qu'il prévoit d'hybrider avec des cultivars horticoles moins résistants (cas des Hédychiums). J'ai retenu l'astuce discrète du fil de tension vert (type grillage) pour guider les plantes grimpantes comme les rosiers botaniques puissants (rosa filipes de 30 m de haut dans l’ouest de la Chine) vers le houppier des arbres ou elles peuvent ensuite se débrouiller seules.
Concernant les bambous, sous ce climat frais, ils sont plutôt traités par Charles comme des plantes de sous-bois en bosquets éparses. Les plus gros diamètres sont obtenus avec le phyllostachys vivax huangwenzhu et, plus inattendu, il possède des bosquets de cannes de Tonquin (chimonobambusa tuminissinoda) particulièrement vigoureux et impressionnants, avec 2 sous espèces, l'une classique à feuilles fines et l'autres à feuilles beaucoup plus grandes. Comme l’a dit Eric, nous n'avons aperçu qu'un sujet récent (éclat du pied mère) du fameux bambou cespiteux géant de 13 m, parfaitement rustique, le Fargesia species giant ‘KR 6791’, mais le pied semble très vigoureux sous climat frais avec déjà des cannes de l'année prometteuses de plusieurs mètres de haut. Sa commercialisation en pépinière ne saurait tarder d’ici quelques années. Une pause dans une cabane forestière à permis de se désaltérer et de se restaurer en fin de parcours. La visite s'est terminée par un tour du jardin de ses parents ou nous avons admiré Ph. pubescens 'kiku' (edulis ‘Kikko-chiku de son vrai nom) bien formé avec un retour au type inattendu et luxuriant ainsi que sa pépinière de jeunes sujets en godets, puis sa serre, pour lesquels quelques passionnés dont je fais partie ont fait quelques acquisitions rares ou supposées l'être. Merci à Charles pour sa gentillesse, son accueil et sa passion de découverte, digne des grands botanistes naturalistes du siècle dernier. En plus la relève est assurée puisqu’il vient d’être papa.
Pour la visite du matin, chez Cécile je suis preneur de l'avis des autres fous car je n'ai suivi la proprio qu'une partie du parcours, file indienne oblige.